• by  • 21 April 2008 • Non classé

    Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas croisé la route des Breeders. La dernière fois, en 94, juste avant l’explosion Cannonball, les sœurs Deal se la jouaient concerts pépères avec pause clope entre chaque morceau et pains assurés. Le 18 avril, sevrées et revigorées, les jumelles les plus célèbres de l’Ohio revenaient à Paris quelques jours à peine après la sortie de leur excellent Mountain Battles.

    Assis au fond, dans les confortables fauteuils réputés de la Cigale, les spectateurs non prévenus que nous sommes subissons la demi-heure du set de Daddy Longlegs, un groupe français pas antipathique a priori, mais dont les morceaux entre ressemblant à du sous-Radiohead ou à du Muse pré-pubère suscitent au pire des bâillements et au mieux des applaudissements polis. Au bout de deux chansons, je ne peux m’empêcher de faire remarquer à Christophe, mon Samoan du soir, pilier de ces murs, qu’il s’agit là de l’exemple typique du groupe de première partie dont le meilleur passage est le moment où le chanteur annonce : « C’est notre dernière chanson ! »
    Je réveille Christophe au moment où les Breeders entrent en scène. Les Deal sisters, toujours aussi massives, sont flanqués d’une nouvelle section rythmique toute masculine et d’un cinquième couteau, une jeune nana de Floride d’après Kim, qui vient les épauler à la guitare, au clavier ou la fois sur quelques morceaux.
    D’entrée, les Breeders montrent de quel bois ils se chauffent. D’une façon plutôt inattendue, Tipp City, un morceau de The Amps (l’autre groupe monté un temps par Kim Deal) démarre le bal puis les morceaux rapides s’enchaînent sans pause cigarette ; Kim et Kelley ne peuvent néanmoins s’empêcher de papoter entre elles et avec le premier rang. L’ambiance est détendue, les éclats de rire sur scène n’empêchent tout de même pas le groupe d’envoyer des titres de tous ses albums (EP compris) en proportions quasi-égales. Seul le décevant Title Tk semble ne pas avoir les faveurs du live. Ne nous en plaignons pas.
    Les moments forts, No Aloha, Huffer, Divine Hammer alternent avec des chansons plus calmes ou la voix de Kim Deal, parfaite, nous rappelle pourquoi nous avons tant idolâtré la bassiste des Pixies.
    La set-list imparable est même agrémentée des immanquables reprises de Guided by voices (les potes de Dayton) et des Beatles, déjà gravées sur disque compact par le groupe il y a quelques années. L’assaut final, un Cannonball en forme de missile atomique met tout le monde d’accord. Le public a le sourire aux lèvres. Je me tourne vers Christophe qui, couché par terre, cherche son monocle qui a giclé sous la pression des « Hahoouhouu Hahoouhouu » de Kim Deal. « Celui-ci, ils ne l’ont pas envoyés dire », lui fais-je remarquer.
    Lorsque, au bout d’une heure, les Breeders quittent la scène, on se dit que, bien qu’un peu court, ce concert est déjà quelque chose. Mais lorsque le groupe revient mettre le point final à cette escale parisienne, ils finissent de convaincre les pisse-froids. Overglazed, le morceau qui ouvre le dernier album est magnifique puis les deux derniers titres tirées de Pod, Fortunately gone et Hellbound achèvent ce qui, contre toute attentes, s’avère un concert au-dessus de la moyenne. Les sœurs Deal et leurs acolytes sont en forme. Le nouvel le laissait deviner, un live comme celui-ci le confirme d’une bien belle manière…

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