by Laurent • 9 April 2009 • Non classé
Au retour d’Angoulème, après un bon contact là-bas avec un éditeur, j’envoie un projet de one-shot concocté avec un ami dessinateur. Le projet plait, il est accepté. On nous dit qu’on nous fera un proposition de contrat bientôt.
Longtemps après, la proposition tombe: 80 euros la planche.
Attention, pas 80 euros la planche pour moi tout seul, non, non, pour tout le monde, scénariste, dessinateur et coloriste. Incroyable.
Pour les non-initiés, sachez que je touche plus, moi tout seul, chez un autre éditeur et que l’enveloppe globale chez un gros éditeur commence à 250 euros. En étant payé ce prix là, on ne peut même pas demander en conscience à un coloriste de travailler avec nous. 80 euros, c’est le prix qu’il devrait recevoir seul (et encore, c’est pas cher) pour son travail.
Bref, malgré l’envie de publier le one-shot, nous expliquons à l’éditeur (qui est en fond, pas de problème, ce ne sont pas quatre mecs dans un garage, mais une grosse boîte) que la bédé n’est pas notre hobby, mais notre métier, et que nous aimerions être payé non pas grassement, mais honnêtement.
Suite à notre mail, la réponse vient de tomber: impossible pour eux de nous faire une proposition plus haute. On se demande bien comment il vont bien pouvoir publier ce genre de projets s’ils font toujours ce genre de proposition.
Alors on fait quoi?
On tient bon au risque de ne pas publier notre projet (qui nous tient extrêmement à coeur et qui a été refusé chez d’autres éditeurs) ou nous acceptons de bosser pour des clopinettes?
Nous avons choisi la première solution.
C’est juste une question de principe, de ne pas se faire avoir alors que nous aurions pu travailler dans des conditions normales sur ce projet.
Une question de respect aussi, à mes yeux. Respect de moi-même et manque de respect de la part de ceux qui font cette proposition.
C’est aussi une question de qualité. A ce prix, et étant données nos autres activités, on risque de bâcler le travail, parce qu’il faut bien bouffer et les trucs qui payent correctement passent toujours avant. Et cet album nous tient trop à coeur pour qu’on le fasse, le couteau sous la gorge, par-dessus la jambe.
Ces pratiques sont assez courantes apparemment.
Je regretterais que le projet ne voit pas le jour, mais pas qu’il soit créé et publié dans ces conditions…