Nichons et Biroutes ! Parlons de Man of Steel…
by Laurent • 25 June 2013 • Non classé • 2 Comments
Quitte à en dire du mal, je me suis fait un devoir d’aller payer 8 euros et d’enfiler des lunettes plus grosses que celles de Buddy Holly pour me soumettre à ce spectacle pénible et débilisant (comme disait une de mes profs en 5ème) qu’est Man of Steel.
Attention, les amis, je spoile à mort…
Après 45 minutes de projection, j’étais très surpris. Le film allait-il être bon ? Un prologue kryptonien assez riche en visions bluffantes, une construction de la jeunesse de Clark Kent en flashbacks bien troussée et puis…
Et puis un personnage qui agit en totale contradiction avec ce qui fait son essence (il laisse mourir son père sous ses yeux, ouais, c’est ça) et une deuxième heure ultra-pénible. Bastons, immeubles détruits, explosions de stations-service, prolifération de zooms de situation inutiles (on se croirait dans un épisode de Galactica) et déplacés, personnages réduits au statut de punching-ball, musique pétaradante et omniprésente évoquant le bourdonnement perpétuel d’un insecte énervé dans le conduit auditif, jusqu’à un final qui confine au summum de la bêtise. Un chemin de croix.
Au-delà du symbolisme lourdingue et parfois contradictoire, Man of steel est intéressant sur ce qu’il dit de l’Amérique d’aujourd’hui. D’abord avec son personnage qui s’interroge toujours sur lui, sur ce qu’il doit faire, se révéler ou non, en se basant toujours sur ce que ça entraînerait pour lui, pas pour les autres. Un point de vue libéral que vient contrebalancer cette jolie idée (malheureusement pas exploitée) de l’ADN de tous les kryptoniens contenu en lui. A moins qu’elle ne contrebalance rien du tout et conforte encore plus ce point de vue auto-centré sur un seul personnage du Superman de Nolan.
Vision d’une Metropolis post-11 septembre à laquelle se mêle une absence d’identité secrète. Et tout ça tombe au moment où les Américains découvrent que leur gouvernement les espionne quand il veut, où il veut (le Watergate, mes amis, de la roupie de sansonnet). Un héros dépourvu de sa face humaine, donc, réduit à un symbole (une marque ?) et des questionnements auto-centrés. Superman n’est donc plus que ça: un logo et un réceptacle à scène de bastons.
Le personnage révolutionnaire créé par deux ados de Cleveland et qui défendait les pauvres gens contre les avocats véreux et les riches corrompus est donc réduit à ça.
Superman n’est pas Clark Kent, mais Ronald Mc Donald.
“J’ai été élevé au Kansas, il n’y a pas plus ricain que moi”, nous dit le personnage (joué par un Anglais: le monde appartient au Américains).
Ouais, on veut bien te croire. Pas plus ricain que toi.
Rappelons, à toutes fins utiles, que les super-héros sont des personnages destinés, à la base, aux enfants. Des symboles du bien qui peuvent servir de modèle, qui montrent la voie à suivre, des personnages bons, parfois solaires. Vouloir rendre réaliste un homme qui vole, tenter de lui donner un côté “adulte” en durcissant les problématiques auxquelles il est confronté a pu marcher ponctuellement en bédé (surtout par un effet de surprise et de sidération), mais ce systématisme initié par le Batman de Nolan (qui s’y prête sans doute plus) a vécu. Vouloir rendre réaliste les super-héros au cinéma (ou en bédé d’ailleurs), c’est comme vouloir faire un film de cul sans montrer nichons ou biroutes. Ça confine à l’impossible.
Et Nolan et Snyder ne sont sans doute pas les mieux placer pour l’accomplir.
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