Loncon
by Laurent • 21 August 2014 • Non classé • 0 Comments
Evidemment, contrairement à ce que j’avais annoncé, je n’ai pas trouvé le temps pour poster quelques mots ici durant la convention mondiale de science-fiction de Londres. Je n’ai même pas eu le temps de jeter quelques impression sur le clavier depuis mon retour à la maison.
Non pas que ce fut un tourbillon insensé, mais l’occasion ne s’est jamais présentée. Entre les rencontres avec les copains, les conférences et tables rondes, le temps conséquent passé à errer parmi tous les stands de bouquinistes, je n’ai pas trouvé quelques minutes. Et, au fond, je crois que je n’avais pas trop envie d’interrompre les affaires en cours pour raconter.
Bref. Me voici de retour. Ce fut passionnant, épuisant et dépaysant.
Arriver à Londres, un vendredi soir en pleine heure de pointe est déjà assez déstabilisant pour l’ermite que je suis. Heureusement que mon hôte Sébastien (of Angle Mort fame) m’a retrouvé à la gare Victoria pour m’emmener jusqu’au au centre de convention, loin à l’est de Londres. A partir de là, impossible de tout détailler. Dès le départ, j’ai retrouvé Peter Brett, dont j’ai traduit deux romans. Hyper sympa et très intéressé par mon travail (il reste un des seuls auteurs qui m’ait remercié moi, et ses autres traducteurs, dans un de ses bouquins). Plus tard, je rencontrerai aussi Michael Cobley, dont j’ai aussi traduit deux titres et je ferai aussi la connaissance d’Alastair Reynolds avec qui je vais bientôt passer quelques mois (enfin, sur un de ses textes). Mais il n’y avait pas que des auteurs, mais également des fans. Tout un tas de passionnés de littérature de genre venus de tous un tas de pays. J’ai ainsi papoté quelques minutes, avec une auteur et traductrice Croate, de Delany et Le Guin, par exemple. Pas banal.
Une drôle d’atmosphère néanmoins. Avec énormément d’Américains trop gros ou malades pour marcher et obligés de se déplacer en petits scooters d’handicapés, pas mal de monde déguisé (ou habillé étrangement) et plusieurs allures semblables: le barbu dégarni avec la queue de cheval semble être en vogue. Une sorte de cour des miracles où tout le monde est à l’aise, personne ne porte de jugement. Une atmosphère assez sereine, polie, calme et très conviviale – bien loin des scandales de harcèlement sexuels qui ont défrayé la chronique dans le milieu des conventions américain récemment.
Et aussi des livres, des tas de livres partout. Pour moi qui n’ai pas souvent l’occasion de flaner dans les librairies anglo-saxonnes, c’était Byzance. Et le pire a été de découvrir qu’il y avait des bouquins gratuits à disposition au fond du centre de convention. Ma valise souffre encore.
J’ai assisté à quelques conférences qui allaient du médiocre (celle sur les auteurs français) au superbe (celle où Silverberg, notamment, racontait ses souvenirs des Worldcons passées). Et surtout, j’étais à la remise des Prix Hugo, ces prix mythiques pour qui lit de la SF depuis l’adolescence. Là aussi, un drôle de truc. A la fois grandiloquent et avec plein de côtés ratés, amateurs. Un peu comme l’est ce genre de rassemblement. Un grand pêle-mêle de rêveurs, de misfits, d’égarés, de losers, de zarbis avec des moments de rencontres magnifiques et d’autres plus craignos, avec des idées novatrices balancées au détour d’une phrase anodine, des éclats de rire débiles et, cette fois-ci, un peu d’émotion (comme il était étrange, et triste, de voir rire Iain Banks, décédé récemment, à la projection de son interview en compagnie de Ian McLeod).
Robert Silverberg parle des Worldcons passées.
Et il y avait aussi le “pork barbecue” des gars de Kansas City, qui donnerait presque envie d’aller dans le Missouri dans deux ans. Car chacune des villes qui candidate pour organiser une worldcon future offrait à manger ou à boire. Les Japonais du saké, les Canadiens je ne sais plus quoi etc…
L’immense salle qui accueillait les prix Hugo en voie de remplissage.
Et l’idée la plus réjouissante, là-dedans, reste celle que tous les grands auteurs présents, à l’exception des trois ou quatre invités d’honneur, ont payé leur entrée tout comme chacun des fans et qu’ils ont participé aux tables rondes et aux dédicaces pour le simple plaisir d’être là. GRR Martin, Silverberg ou Stephen King (qui paie l’entrée pour soutenir même s’il ne vient pas) pour n’en citer que quelques-uns. Il y a là une vrai communauté, essentiellement, américaine et vieillissante, mais terriblement soudée et sympathique. Une famille ? Osons le mot.
Bref, j’ai passé un week-end à Londres. En famille.