• Carte Verte.

    by  • 23 February 2015 • Non classé • 0 Comments

    Le Château des millions d’années de Stéphane Przybylski est un livre étrange. Thriller historique mêlant nazis de l’Ahnenerbe et extraterrestres, le roman s’appuie sur une connaissance visiblement sans faille (je ne risque pas de trouver des erreurs, en tout cas) et très documentée de son auteur sur la période de la montée du nazisme et l’occultisme des SS. Premier problème: sur ce canevas ultra rebattu, on ne trouve pas la queue d’une idée originale. Tout cela est bien travaillé et précis, l’auteur nous assaille de détails historiques intéressants, mais là où, par exemple, Tim Powers dans son ultra-chiant Les Puissances de l’invincible, partait d’une idée super forte, Przybylski déroule une intrigue à peine prenante sur une thématique qui ne fait même pas lever un sourcil d’intérêt.
    Passerait encore si la structure narrative du roman ne se perdait en flashbacks et flash-forwards dont on ne voit pas l’utilité et qui compliquent inutilement la narration. Le tout servi par un style auquel je suis, personnellement, allergique, celui d’un auteur qui écrit comme il croit que les romans doivent être écrits (et je ne me remets pas du “je reprenis” de la page 258).
    Pour être honnête, malgré toutes ces réserves, le roman n’est pas nul, et est même traversé de scènes assez fortes (notamment celles mettant en scène l’ascension du héros au sein du parti nazi et ses rencontres avec les grands pontes du régime), mais l’ensemble manque cruellement de ce qui fait la force de ce genre : des idées démentes.
    Attendons quand même ce que nous réserve la suite, puisque Le Château se présente comme le premier volume d’une tétralogie et qu’il donne, en effet, l’impression de n’être qu’une introduction (oui, je sais, une longue introduction).

    Pour confirmer qu’ils sont vraiment des cons, les votants aux Oscars ont donc élu Birdman meilleur film, et pas Boyhood.
    Le film de l’année, pour les amerloques, est donc ce un long-métrage creux, qui pète plus haut que son cul avec un dispositif inutile (ces plans séquences, c’est pour quoi ? Pour singer le théâtre?), ses références dont il est loin (si Carver voyait ça), ses monologues artificiels, et, au final, son “ambition” thématique qui noie le peu de propos dans un bazar indigeste qui n’évoque qu’une chose: le vide. Car de quoi parle Birdman au final ? Du cinéma ? Du théâtre ? De la vie ? D’Hollywood ? Des pères et des filles ? Des acteurs ? Oui, sans doute un peu de tout ça. Mais on ne sait jamais vraiment, parce qu’à vouloir parler de tout, le film ne parle de rien véritablement. On effleure des choses, on entrevoit des idées intéressantes, on a plusieurs fois l’impression de revoir la même scène et on finit par se rappeler combien Boyhood avec son dispositif qui était la matière même du film (le temps qui passe), et avec une simplicité incroyable est parvenu à nous émouvoir, ce que Birdman ne parvient jamais à faire un centième de secondes.
    Boyhood et son côté proustien, ses thématiques quotidiennes, son regard bienveillant sur les personnages (tous les personnages, même les ordures), son idée principale affolante et la façon dont elle est gérée, montre que l’on peut aboutir à un résultat impressionnant sans avoir recours à l’esbrouffe. Ne jamais noyer l’émotion pure (ou son absence) sous des trompe-l’œil ou des mises en abymes bidons, mais privilégier la matière humaine, telle qu’elle est. Et même sur des aspects plus marginaux que Birdman essaie tant bien que mal de traiter (les acteurs, par exemple), Boyhood, avec ses airs de pas y toucher, est bien supérieur. Il suffit de regarder l’évolution du jeu d’Ethan Hawke, du début à la fin du film.
    Si j’avais été Linklater hier soir, moi aussi je me serais demandé qui avait donné une carte verte à ce putain de Mexicain…

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