• Choses vues 7 : Il pleut sur les néons et les voitures volent.

    by  • 19 February 2018 • Choses vues • 0 Comments

    13 février

    Comme un peu tout le monde (enfin, pas mal de gens que je connais), j’ai commencé à regarder Altered Carbon, la série tirée du roman de Richard Morgan que j’étais persuadé d’avoir lu, mais en fait non. Je crois que je confondais avec Avance rapide et Frères de chair de Michael Marshall Smith (qui sont excellents).
    Et commment dire ? C’est du cyberpunk sans l’essence du cyberpunk. La ménagerie est là, le divertissement est agréable, mais le fond est passé à la trappe (j’imagine que le bouquin est comme ça). Le chef déco a passé 25 ans enfermé dans un bunker à regarder Blade Runner comme Alex DeLarge au milieu d’Orange Mécanique. Bien sûr, il pleut sur les néons et les voitures volent.
    Mais un budget aussi conséquent pour l’adaptation d’un tel bouquin m’a tout de même fait rêver (oui, je crois que j’ai eu des moments de micro-sommeil). Et si à la place de Kovacs, on suivait les aventures de Case, le héros de Neuromancien, qui évoluerait avec ses consoles dans un monde futuriste des années 80, ce monde où William Gibson n’avait pas prévu l’apparition des téléphones portables, ce monde de l’avenir déglingué où l’on traîne sur l’étendue urbaine dominée par les méga-corporations et où une réplique anodine d’un chef d’oeuvre de John Carpenter (You flew the Gullfire over Leningrad, didn’t you?) a pu donner l’étincelle pour créer un autre chef d’oeuvre, littéraire cette fois.
    Voilà ce que j’aimerais, moi: une adaptation de Neuromancien faite du point de vue de l’époque, comme si elle datait d’un an après la sortie du livre, en oubliant les avancées technologiques qui ont eu lieu depuis et en se plaçant dans ce futur de 2035 qui est déjà passé.
    Oui, je sais, inutile de rêver.

    16 février

    Je viens de renvoyer à l’instant à la rédaction de Bifrost un article sur le travail de scénariste de comics d’Edmond Hamilton auquel la revue consacre un dossier dans son prochain numéro. Même si c’est un sacré boulot, me replonger dans l’époque des premiers pulps, du premier fandom et dans cet ère bénie des débuts de la science-fiction américaine est toujours un grand plaisir pour moi. Même si je ne dévore pas forcément les textes de ces pionniers, j’adore les anecdotes et l’atmosphère du New York des pulps dans les années 40 et 50 : les éditeurs véreux, les auteurs qui pondent des textes plus imaginatifs les uns que les autres à la peine, ce moment où ce qu’on appelle désormais la pop culture (ou la culture geek, si vous voulez) a été inventé par des jeunes boutonneux qui osaient rêver à des choses qui passaient au-dessus de la tête de la majorité de leurs contemporaines.

    17 février

    J’ai déjà parlé en ces pages de Michel Fiffe, le créateur de bd à qui l’on doit notamment Copra (j’en ai même parlé en vidéo ici). Jusqu’ici, je n’avais pas lu son autre série, Zegas, qui a été compilé en un recueil par Fantagraphic. Et encore une fois, quelle claque. Une bande plus expérimentale qui suit le quotidien étrange d’un frère et d’une soeur dans un monde au décor tiré d’un genre (oui, mais lequel : fantastique, SF, nonsensique ?). On pense aux premiers épisodes de Love and Rockets et on se pâme devant les jeux narratifs qu’ose Fiffe avec le médium bande dessinée. De l’autobio si décalée qu’elle ne ressemble plus à du “deux-pièces cuisine”.
    Du grand art qui passe encore inaperçu ici (qui en parle en France ?).
    Parvenir à faire publier ce livre en français risque de devenir une de mes missions dans la vie.

    C’est aujourd’hui, qu’est sorti le premier numéro de la revue Carbone et j’aime beaucoup le titre de cet entretien avec le boss et créateur de l’ensemble. Parmi tout un tas d’articles intéressants, de fictions prenantes (nouvelles et bd de Calvo, Maëlle Fierpied, Mathieu Rivero, Faouzi Boughida, Warren Ellis, Grant Morrison etc), vous y découvrirez un de mes textes, une nouvelle située dans l’univers de Moloch, toujours pré-publié sur le site. Vous trouverez la revue dans toutes les bonnes librairies.

    Notez que je serai en direct mardi 27 février sur RFI dans l’émission Vous m’en direz des nouvelles de Jean-François Cadet de 15h à 16h pour parler de mon dernier bouquin, Phil.

    Les liens:

    – Le bruit que vous venez d’entendre, c’est l’explosion de 1000 boites d’effets spéciaux de par le monde.

    – La Zone démilitarisé de Corée, l’endroit le plus effrayant du monde en photo.

    – Nous vivons dans le monde de Southland Tales. C’est Buckaroo Banzaï pour ceux qui ont survécu aux années 2000.

    – Je découvre l’existence de Rotten.com lorsqu’on annonce que le site est mort. En même temps, je me rends compte que je n’aurais pas eu très envie d’y faire un tour.

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