Sense of wonder
by Laurent • 17 January 2025 • Non classé • 0 Comments
Je n’ai pas grand chose à dire sur David Lynch. Sa mort semble toucher beaucoup de personnes que j’estime, mais je ne partage pas le même lien à ses oeuvres qu’eux, me semble-t-il. Si j’ai adoré Elephant Man, Dune et Twin Peaks, je suis resté froid devant Blue Velvet et j’ai détesté la troisième saison de ce qui était sincèrement une de mes séries préférés. Je crois que le surréalisme de Lynch que certains évoquent comme un mantra ne me touchait pas. Le surréalisme en général ne fonctionne d’ailleurs guère sur moi. Du mal à lâcher prise peut-être…
Si Lynch n’était donc pas un cinéaste que je vénérais, je n’estime pas pour autant l’émotion qui entoure sa mort exagérée. C’est un peu comme Bowie pour qui je n’ai aucune admiration et dont je trouve la musique vaguement agréable, mais dont je respecte énormement l’attitude vie à vis de son art. Leurs oeuvres ne me parle pas, mais je comprends tout à fait que l’originalité et l’intégrité de tels artistes leur vaillent autant de passion. Je sais que certains n’aiment pas Robert Smith, par exemple, mais j’espère qu’il lui accordent le même déférence. Je me rappelle d’ailleurs d’une interview croisée Smith-Bowie dans un vieux fanzine consacré à Cure (et tiré d’un autre magazine, sans doute) qui m’avait marquée. Ca volait assez haut, que l’on apprécie leur travail ou pas.
La mort de Lynch ne me dévaste donc pas comme d’autres l’ont fait ou le feront (Brian Wilson, déjà mal en point, a été évacué…), mais cette émotion collective prouve quand même que l’art est à la fois complètement vain et ce qu’il y a de plus important au monde (l’un expliquant d’ailleurs l’autre). Que les grands artistes — et il faut reconnaître, qu’on les aime ou non, que Bowie et Lynch étaient de grands artistes — atteignent le coeur de ce qui fonde l’humanité et permettent à une partie d’entre elle de se retrouver, parfois.
Je ne crois pas en avoir parlé ici : Jérôme Vincent nous a proposé, à Ugo Bellagamba et à moi, de l’accompagner sur un podcast consacré aux classiques de la SF&F intitulé Sense of wonder. J’ai évidemment accepté et je vais tenter de parler de tous les prix Hugo du meilleur roman depuis les origines (une tâche qui promet d’excellents moments et d’autres, disons, moins agréables). Un nouvel épisode est publié tous les jeudis et on commence avec L’Homme Démoli d’Alfred Bester, le premier Prix Hugo décerné en 1953. Nous parlerons aussi de plein d’autres livres, connus ou méconnus avec l’aisance oratoire (Ugo) et l’accent du sud-ouest (Bibi) qui nous caractérisent.