by Laurent • 12 April 2004 • Non classé
Il y a un échange d’idées auquel je participe en ce moment à propos d’un truc qui ne vous regarde pas, mais qui m’amène à penser à ce que nous faisons, et à ce vers quoi nous tendons avec nos écrits.
Je dis nous, je pense à tous ceux qui écrivent en ce moment dans les littératures de genre ou de l’imaginaire.
Je me demande vers quoi on va, ce qu’on fout à recycler sans cesse. On a tout repiqué, tout mixé, tout bouffé et tout rendu et maintenant?? Je sais que c’est pas un débat nouveau, mais je suis en train d’écrire et j’ai l’impression de refaire des choses que d’autres ont déjà faites en mieux.
Dans la SF, par exemple, quoi de neuf depuis les cyberpunks, de vraiment neuf?? Rien.
China Mièville recycle, les amis. Ouais, mais c’est ce que faisait aussi Gibson avec son style et ses intrigues et persos hardboiled. Je relis Neuromancer en ce moment et ce qui me frappe le plus n’est pas tout l’attirail technologique, mais plutôt le squelette, tout ce qui n ‘est pas le rembourrage et qui est du Chandler plus sophistiqué, point.
Alors, vers quoi on tends? Faut-il aller essayer de se colleter avec la singularité, aller péter droit dans le mur? Allez-y si vous voulez, j’ai pas le bagage suffisant. Faut-il empaqueter tout d’une autre manière et s’en sortir par l’écriture? Faut-il faire comme si de rien n’était et raconter ses histoires à sa sauce, du mieux possible?
Honnêtement je n’en sais rien et j’aurai sans doute peur si on me disait demain ” toi, tu écris dans tel genre” ou “tu fais partie de tel mouvement”. Ouais, j’aurai peur, parce qu’il y a encore des notions de liberté dans le fait d’écrire et c’est un des grands pouvoirs de la chose.
Je réfléchis à tout ça souvent (et certaines activités m’incitent à le faire de plus en plus et c’est un truc qui me dévore, ça), mais je crois honnêtement que je n’en suis pas là et, de loin. J’ai encore trop de travail à faire, mon apprentissage dans l’artisanat est loin d’être fini et je ne vais pas révolutionner quoi que ce soit.
Mais j’aimerai bien voir ça, ça oui. Et y participer, d’une manière ou d’une autre. Ou, au moins, croire pendant un temps qu’on est en train de faire quelque chose d’important. Ca serait bien.