by Laurent • 14 March 2003 • Non classé
Ashley Wood signe Popbot, une bande dessinée ultra-originale qui va certainement marquer les esprits. Un choc !
Parmi les traductions américaines qui nous parviennent, la majorité sont des adaptations de comics de super-héros dus aux deux grandes compagnies DC et Marvel. Certes, des éditeurs s’éloignent parfois des sentiers battus et proposent des titres tels que : Strangers in Paradise, Hellboy, Sin City ou même le chef d’œuvre primé Jimmy Corrigan.
Il semble néanmoins que les éditions Carabas prennent un risque en publiant l’OVNI qu’est Popbot. Recueil des premiers épisodes de cette série à la périodicité peu régulière, l’album français se présente sous la forme d’un épais livre à la couverture souple et au papier de bonne qualité, idéal pour mettre en valeur les illustrations d’Ashley Wood. Oui, Ashley Wood, celui dont je parlais dans mon panorama des nouveaux talents américains sans medouter alors que son Popbot allait être traduit. Car c’est bien de son œuvre dont il s’agit, même si Sam Kieth a signé le scénario du premier épisode, le reste est entièrement du à l’imagination de ce Canadien résidant au Etats-Unis et né en 1971. Connu pour son travail sur Hellspawn, série dérivée du personnage de Todd MacFarlane, il prend une autre voie avec cette série qui ne ressemble à rien de connu. Car ce qui frappe d’entrée à la lecture de Popbot, c’est la folie et l’originalité de la bande. Evidemment, le premier indice est le graphisme hors-norme de Wood. Surtout composé de splash pages et utilisant de nombreuses techniques (crayons, peinture, photographie, ordinateur, trames), on pourrait penser à Bill Sienkiewicz ou à Dave Mc Kean (on a connu pires parrains), mais sans vraiment qu’une influence majeur et unique ne se dégage. Le dessin de Wood est un choc graphique perpétuel. Chaque page renouvelle une expérience étrange relayé par un scénario qui n’est pas moins bizarre. L’utilisation du texte inclut dans les dessins est novatrice et intéressante. On passe d’une pin-up à une scène d’action menée par des robots sans transition et tout cela nous semble, une fois immergés dans l’album, tout à fait naturel. L’intrigue est à la fois simple et complètement déstructurée est difficile à suivre. Un chat chanteur de rock fait appel à un Sherlock Holmes, issu du 19° siècle pour échapper à Moriarty, dans le but d’arrêter ceux qui le menacent. Autour de ce personnage principal atypique vont s’agiter ceux qui sont à sa poursuite et qui ne vivent pas forcément à la même époque que lui On croisera des robots femelles agressifs, un clone d’Andy Warhol qui radote et même une apparition du Maxx de Sam Kieth. Bien entendu, le Popbot du titre, un robot créé au 19° siècle va jouer un rôle dans cette intrigue complexe.
Au croisement de différents styles, steampunk, science-fiction, fantastique, Popbot est ce que l’on pourrait appeler une bande post-moderne (le chat Kitty nous rappelle d’ailleurs American Flagg une des premières bédé de SF post-moderne). Pour autant ce terme qui résume parfaitement le melting-pot (pop ?) ultime mis en place ici commence à être galvaudé et ne saurait à lui seul résumer un tel délire narratif et graphique.
Réservé à un public motivé ou fanatique de ce genre d’OVNI, Popbot est un livre magnifique dont on attends la suite avec impatience. Nul doute que, malgré une diffusion restreinte, la bande marquera et influencera de jeunes auteurs des deux côtés de l’Atlantique.