by Laurent • 26 August 2002 • Non classé
Suite des aventures de Mica:
Aujourd’hui, je suis allé à la gare routière pour prendre mon billet pour Alep, la ville de la musique, cette ville détient le monopole de la musique savante et les gens y sont trés connaisseurs. Ils peuvent juger les musiciens avec beaucoup d’acuité et donc de dureté… Je n’ai pas intérêt à jouer de mon aoud par là car je vais me faire assassiner en quelques formules bien choisies que je ne piperai même pas…
Faut que je te décrive la gare routiere:
Elle se trouve à 7 km de Damas, on y va en taxi, des vieilles voitures jaunes (parfois même des R5 t’imagine?) même pas climatisées, j’ai pris pour habitude de donner une clope au chauffeur pour faire copain copain, en plus les marlboro sont extrêmement chère pour les gens du pays (80 livres, ce qui fait moins d’un euro) alors ils sont toujours contents de fumer ca. Donc on traverse le nord de la ville, la partie moderne de la ville ( moderne signifiant ici moins de 400 ans) des batiments plus ou moins vieux, moches et sales, imagines-toi une chaleur telle que dès que tu t’assois dans le taxi tu sens ton fut te coller aux fesses, si tu as la chance de porter des futs noir tu
as en prime une trace blanche sur les fesses, le sel de ta transpiration…
On depasse la ville et roulons sur une autoroute bordée d’arbres poussant sur une terre argileuse et séche, sans un seul brin d’herbe, des gens ont construit des maisons de fortune en briques grises, celles en beton, ils vivent là, au bord de l’autoroute, parfois c’est des maison en terre.
On arrive à un petit village où reigne un boxon pire que chez Cecile, les gens traversent un peu partout, y a du monde, comme un samedi de marché à Marmande, qui va et vient dans tous les sens, les voitures font de même en jouant du klaxon pour un rien, des vrais virtuoses du klaxon ces syriens, donc il y a ce bruit assourdissant et la chaleur qui font que toi et ton esprit vous n’êtes plus tout a fait
en phase, le taxi te pose à l’entrée de la gare (ah c’est ça la gare?), toujours ces fameuses briques grises qui forment une murette jusqu’à un ensemble de portiques qui detectent les métaux, ca c’est l’entrée… Fouille sommaire et l’on passe.
Là commencent les problèmes. Une file de guichets: tous indiqués en arabe avec quelques ecriteaux en écriture latine, heureusement que je lit l’arabe…
Le problème c’est que je ne le parle pas, je le baragouine, et lorsque tu as enfin trouvé le guichet de la boite de transport que tu as visée dans le guide du routard il faut acheter le billet, personne ne parle anglais (alors francais faut meme pas rêver, seulement les vieux qui sont allé a l’ecole durant le mandat francais y a une plombe ), moi en plus je voulais le prendre pour demain, trop compliqué, la fille du guichet (une beaute pas trop maquillée et assez discréte mais trés belle) aprés quelques phrases échangées sans se comprendre me donne un siege et me dit d’attendre, là c’est pas bon, tu peux attendre des plombes sans que rien ne vienne, alors j’ai chopé le
premier client sapé comme un occidental ou presque et je lui ai demandé de faire la traduction, sauvé.
La foule me regarde comme si j’etais le dernier des mohicans (trés bon livre pour les enfants, plein de souvenir ce bouquin), le chauffeur, à l’aller, m’a dit lorsqu’il a vu ma liasse de billets de planquer ça car là y avait pleins de voleurs, cool, ca rassure.
Enfin me voila revenu à Damas et je part demain à l’heure que je veux. La vie est belle mais parfois elle fatigue…
Le voyage en bus (355km) va être quelquechose, y a 4 ans j’avait fait la même chose et le chauffeur avait du faire la fête avant (ou il faisait là son deuxieme job de la journée, car tous les Syriens ont deux jobs pour pouvoir vivre) car il s’endormait au volant dès la première centaine de kms, je voyais sa tête tomber inexorablement sur le volant, tous le monde dormait j’étais le seul à surveiller le désastre… Vivent les dictatures et vivent les hommes libres.
Kes kon ferait pas pour la musique?..
Je te le fais pas dire…