Tomorrowland

J’attends d’un film qu’il me raconte une histoire visuellement, qu’il me procure des émotions par l’image. Attitude frustrante lorsqu’on essaie de regarder un de ces blockbusters récents, calibrés sur des franchises dont la moelle a été déjà sucée depuis des décennies. Pour le dire vite Joss Whedon n’est pas Steven Spielberg, et la prise de pouvoir des geeks à Hollywood, dont beaucoup se gargarisent (ouais, on a gagné), me fait plutôt penser à une bagnole enroulée autour d’un platane. Je ne sais pas qui a gagné, mais certainement pas le spectateur, ni des personnages créés pour faire rêver des enfants à qui on fait subir les pires outrages pour vendre à des adultes qui n’en avaient jamais entendu parler il y a cinq ans, des t-shirts Thor et Captain America estampillés H&M.

Tomorrowland, à la poursuite de demain, sorti dans l’ombre du génial Mad Max Fury Road, accomplit le même tour de force que le film de George Miller. Il emporte dans une histoire conçue pour être racontée par l’image et dont le sense of wonder repose sur la mise en scène d’idées qui, sans être révolutionnaires, réjouissent tant elles manquent dans les autres films de même catégorie. Si le long-métrage de Brad Bird (tiens, mais ce type n’a fait que d’excellents films) est une histoire du futur et un acte subversif dans son contexte (et non, le mot n’est pas trop fort), il est aussi une histoire de la science-fiction mise en image. Il traite de création, de rêve et d’action, se permet de s’amuser avec les tachyons, la tour Eiffel et tout un siècle d’imagerie SF au cinéma.
Inutile de vous dire que j’ai adoré. Il y a un jet-pack dans les cinq premières minutes.
Je vous renvoie à l’excellent article de Rafik Djoumi qui dit tout ce qu’il faut dire sur le film (même si le côté objectiviste ne m’a pas dérangé, j’ai plus vu l’ensemble comme un conte, ou alors je suis trop habitué à lire Heinlein).