• by  • 28 October 2003 • Non classé

    Le chef d’œuvre de Neil Gaiman et de ses collaborateurs dessinateurs entame sa seconde publication en France avec un volume inédit : le tome 4 !

    Delcourt commence par une période de la série où le dessin est le plus accessible pour le public français. Etait-ce bien nécessaire ?

    Il était temps. Depuis les quatre volumes parus au Téméraire (qui reprenaient les numéros 1 à 16 de l’édition originale), la série Sandman n’avait pas trouvé une maison d’édition qui veuille bien traduire les épisodes restant. Aujourd’hui, c’est Delcourt qui s’y colle, en commençant bizarrement par le volume 4 intitulé La Saison des brumes et dont le titre original est Season of mist.

    Mais, Sandman qu’est-ce que c’est ?

    Aux Etats-Unis, où la série est d’abord parue, il s’agit de 75 numéros d’un comic au format standard. Commencée en 1988, elle conte les aventures du Sandman (le marchand de sable), aussi appelé Dream (rêve) ou Morphée, et de ses frères et sœurs, les éternels (Endless) : Desire, Death (mort), Destiny, Delirium (delire), Destruction et Despair (désespoir). Elle s’achève en 1996, mais les fascicules sont repris en volume et forment une série de dix volumes regroupant des épisodes formant un ensemble. Delcourt a décidé de reprendre ces volumes lors du passage au français. Belle idée que de respecter l’original, mais ce qui paraît moins logique est de commencer par le tome 4. L’éditeur se justifie en évoquant le fait que l’on peut lire ce Saison des Brumes sans avoir lu les volumes précédents. Evidemment, on comprendra le gros de la trame de l’histoire qui se déroule dans tome, mais bon nombre de subtilités et de références, celles-la même qui font toute la richesse de la série, échapperont au lecteur qui plonge ici pour la première fois dans l’univers créé par Neil Gaiman.

    Le choix n’est justifié que par un impératif de résultat et la stratégie de l’éditeur est de séduire le public avec un volume où le graphisme est mieux maîtrisé qu’au début, où le pourtant doué Sam Keith avait du mal à faire du bon travail. On prend ainsi moins de risque en commençant par ce volume quatre, mais on oublie sciemment de dire aux lecteurs que Sandman est une saga fermée où tout se répond et où la construction est irréprochable et demande une lecture chronologique.

    La même stratégie de séduction est employée lorsque la couverture de l’édition Delcourt est ornée du nom du scénariste écrit en lettres plus épaisses que celles du titre, contrairement à l’édition américaine où le dessin est plus grand. On voit donc que l’éditeur mise sur la notoriété qu’a acquis Gaiman avec ses romans, De bons présages (traduit par l’ami Patrick) et American Gods, et son recueil de nouvelles, Miroirs et fumées (Patrick aussi, il me semble). On sent donc bien que Delcourt a envie d’aller jusqu’au bout de la publication de la série et qu’il emploie donc les moyens qui lui permettront d’accrocher d’entrée son lectorat. L’inverse de Soleil qui commence par les premiers Spirit qui sont loin d’être les meilleurs. Cette stratégie risque de payer, mais je ne peux m’empêcher de penser que commencer par le tome 4 d’une série ne sera jamais une bonne solution.

    Sauf au niveau des ventes…

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