• by  • 16 March 2006 • Non classé

    Il y aurait tellement de choses à dire sur Lunar Park de Bret Easton Ellis qu’il faudrait y consacrer un long article, passer du temps à en défaire les mécanismes narratif pour aboutir à la conclusion qui s’impose : c’est du grand art.
    Lorsqu’on commence le livre, on est amusé par la réécriture de la vie de l’auteur par lui-même puis diverti par ce roman qui reprend la structure de tout bon livre fantastique, l’irruption de l’irréel et de l’étrange dans un quotidien banal, chose dons Stephen King s’est fait une spécialité et qu’il maîtrise parfaitement. Les thématiques résonnent : la paternité, l’écriture. C’est bien, quelques passages sont fabuleusement bien écrits, mais rien de transcendant à ce stade.
    Puis un basculement s’opère en même temps que le récit sombre dans le côté fantastique. Ellis reprend son détachement et son jeu sur le narrateur, l’auteur et le personnage (déjà en œuvre dans Glamorama, mais version cinéma, caméra qui tourbillonne et tout le toutim, c’est mieux pour “filmer” les explosions…) et là, le bouquin prend une autre ampleur. C’est un thème régulièrement abordé de nos jours, mais on est loin des tics ou des clins d’oeils au lecteur d’un Grant Morrison, ici la mise en pratique de cette réflexion sur le récit et ses doubles est effectuée avec une finesse, une intelligence, une maîtrise de l’art narratif qui laisse pantois. On finit le bouquin un peu hébété par tant de force et de talent et la comparaison n’est pas flatteuse pour King. On a un auteur populaire hyper doué et très imaginatif versus un des plus grand écrivains de notre époque, rien de plus. Le combat n’est pas équitable. Bret Easton Ellis risque d’en étendre beaucoup pour le compte avec ce livre, sur lequel quelqu’un ne va certainement pas tarder à consacrer une thèse.

    Sur un plan plus personnel, j’ai pris une grosse claque et j’ai notamment appris quelques règles de finesse. La façon de traiter les thèmes via les événements est une des leçons que je vais retenir de ce livre…

    J’ai aussi lu No Logo, dans un registre qui n’a rien à voir. Ça ne mérite même pas que j’en parle dans le même post. Et puis je n’ai rien à en dire, en fait.

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