• by  • 3 July 2006 • Non classé

    Histoire de pas passer pour le dernier des ringards, le gars qui, entouré de nerds SH, ne sait même pas de quelle couleur est le slip de Spidey, je me suis lu les deux premiers Civil War et CW Frontline. Bon, j’avoue l’annonce version “grand public, on vous refait le coup de la mort de Superman”, m’avait intrigué et donné envie.
    Bon, le concept du cross-over n’est pas à se rouler par terre de plaisir: les héros doivent s’enregistrer auprès de l’état pour devenir des fonctionnaires que le pouvoir pourra contrôler ou sinon ils seront hors la loi. Il y a donc des gars qui le font et d’autres qui se rebellent (au premier rang desquels, ce bon vieux Cap qui, on a beau dire, est un bon symbole de l’idéal américain et pas de de ce qu’en ont fait les mecs qui piétinent cet idéal depuis des siècles). L’idée sent la resucée, évidemment. On pense au Miller et au Moore des années 80, sans doute en avance sur leurs temps et plus récemment aux Incredibles (qui repiquaient un brin l’idée de Watchmen, tout de même).
    Le traitement est, pour une fois, un peu rapide, je trouve. Tout se déclenche hyper vite (peut-être parce que je n’ai pas lu les chiées de séries régulières liées à l’événement, sans doute) et dès le deuxième numéro, tout le monde a presque choisi son camp. Le problème à mon sens est que certains héros ne réagissent pas comme leur comportement antérieur le laisserait supposer. Je passe sur ce truc d’illuminati qui pue la mauvaise idée tant le plan théorie du complot est usé jusqu’à la corde et, qui plus est, inadapté à l’univers des super-héros. Donc, ça se laisse lire sans déplaisir (au moins, il se passe quelque chose), mais cette nouvelle avancée vers l’âge adulte risque de laisser un goût amer tant le sense of wonder est laissé de côté. Sans doute la conséquence de toujours faire appel à des scénaristes plus à l’aise dans le polar que dans la SF. Les folles idées sont dans la fiction spéculative, pas dans le roman noir.
    Ce que je retiens tout de même et qui m’a le plus marqué est le sort réservé à Speedbal, un jeune héros présent lors de l’incident à l’origine de la mort de nombreux civils. Il est privé de ses droits élémentaires comme dans un remake bédé de Guantanamo. On sent là (sous la plume de l’anglais Jenkins, que je viens d’interviewer d’ailleurs, checkez votre kiosque) une dénonce de ce que fait l’administration en place sous couvert de guerre contre le terrorisme. Si on ajoute à ça le rapprochement idéologique de tout le cross-over avec le patriot act, je me demande si les comics s’engagent “contre” en faisant semblant de ne défendre que la liberté? Le public américain des comics est-il contre Bush? Est-ce que les auteurs vont oser aller assez loin??
    J’attends sans trop d’illusions, simplement pas mécontent qu’il se passe enfin quelque chose dans cet univers marvel gravement sclérosé, mais pas super enthousiaste non plus…

    Laurent Lolmède fait des petites bédés excellentes qu’il envoie gratos par la poste. Et dorénavant, il a un blog.

    Samedi soir, discussion improvisé avec un retraité encore fringuant, immigré espagnol qui nous expliquait, avec son léger accent ibérique, que, depuis le temps qu’il était ici, son coeur allait à l’équipe de France. En quelques minutes de philo de comptoir, il a essayé de nous faire partager son bonheur et a énoncé quelques évidences. “Les soirs, comme ça, a-t-il dit, les gens oublient leurs soucis. Ceux qui n’ont pas de travail n’y pensent plus et pendant quelques heures, tout le monde est sur un pied d’égalité”. “C’était la fonction du Carnaval, avant”, j’ai répondu.
    Deux heures plus tard, j’ai vu qu’il avait bien raison. Tout le monde souriait à tout le monde, les mecs bourrés n’étaient pas agressifs et rien n’énervait personne. Rien que pour ces quelques moments, ce qui se passe en foot vaut le coup.
    Tant que ça ne masque pas non plus ce qui se passe par ailleurs, hein.

    Manu est un philopophe à l’aise lorsqu’il s’agit de parler de Félix Guattari ou de Steve Ditko, mais je ne le savais pas pointu sur le foot. Et pourtant, il a prédit le résultat, la manière et a affiché sa confiance longtemps avant le coup d’envoi. Il avait même prévu un cigare à fumer pour fêter la qualification.
    Bluffant, le gars…

    Hier, balade en vélo sur le bassin puis baignade dans l’océan après la grimpette d’une dune immence. Mal partout aujourd’hui, mais enfin, y’a pire.

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