• by  • 13 June 2007 • Non classé

    Cher Charles,

    La première fois qu’on s’est croisé, c’était le 10 septembre 1994. Je ne me souviens même plus de la salle dans laquelle tu as joué, c’est dire. Il me semble pourtant que c’est cette fois ci que nous t’avons attendu, comme les fans béats que nous étions, à la sortie du concert. Tu es sorti en caligae, pas plus grand que moi (merde alors) en nous traitant de crazy kids, un sourire aux lèvres. Tu as signé nos billets et Damien t’as dit que j’étais ton plus grand fan (depuis, j’en ai vu des pires). Avant de partir, je t’ai fait rire en me lançant dans une Jacques Tati dance que tu n’as pas vu venir. A vrai dire, je me suis étonné moi-même.
    Je t’avais vu. Tu étais un être humain normal, tu existais. Je pouvais cesser d’être un adolescent.
    La deuxième fois, c’était le 23 mai 1996 et cette fois, tu es d’abord passé à la Fnac en fin d’après-midi, normalement pour répondre à une interview. Tu es arrivé avec un type tout fier qui avait préparé plein de questions et qui regardait ta guitare comme un ennemi. Il avait raison. Tu l’as interrompu au milieu de la première question et tu as chanté quelques chansons en acoustique, rien que pour nous. C’était chouette. A la séance de dédicace qui a suivi, tu as écrit “Words, only words” sur le livret de Teenager of the year que t’a tendu Neult. Sacré toi.
    En 99, tu n’es passé qu’à Toulouse. J’ai été infidèle. Pardonne moi.
    Pareil en 2001. Je n’étais décidément pas ton plus grand fan.
    Le 25 octobre 2003, tu es revenu dans ma ville. Et ça a été grand. Tout avait changé depuis le début de notre relation. Je n’étais plus au premier rang en train de hurler, mais sagement assis en haut des gradins de Barbey. Tu n’as pas eu l’air de m’en vouloir et tu m’as même joué des morceaux des Pixies, comme pour me montrer qu’entre nous, il y avait encore des choses à vivre.

    Depuis je t’ai revu avec les lutins, deux fois, mais il y avait trop de monde avec nous. Je n’étais plus ton plus grand fan. La planète entière l’était devenu.

    Tu reviens le 18 juin chez moi et je ne serai pas là pour t’accueillir. Excuse-moi. Si tu m’avais prévenu un peu plus tôt, j’aurais pu m’arranger, mais tu sais, les billets d’avion, tout ça.

    Je comprends bien que ça ne sera pas pareil sans moi, mais que veux-tu, il va bien falloir que tu te débrouilles.

    Si tu peux, essaye de jouer Threshold apprehension assez fort pour que je puisse percevoir, depuis l’autre côté de l’atlantique, les vibrations. Je suis sûr que tu en es capable.

    Bien à toi,

    Gino (un de tes plus grands fans)

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