• by  • 8 October 2007 • Non classé

    Bon, j’avoue, j’ai fait peur à mon pote Vincent, samedi soir. J’ai commencé la soirée en buvant une menthe à l’eau. Il a vraiment cru que j’étais malade… ou possédé. Je rassure ma famille, ce coup de folie n’a été que passager.
    Le reste de la soirée s’est déroulé plus normalement, entre dédicaces et retrouvailles avec des vieux potes qui se débrouillent toujours pour débarquer lors de ce genre d’occasion. Merci les gars. D’autres avaient présenté des mots d’excuses qui m’ont fait au moins aussi chaud au coeur.
    L’agent 007 a fait un passage éclair. Il faut dire qu’avec sa canne, il a du mal à se déplacer et, même si son hôtel (payé par mon généreux éditeur, merci) était tout proche, il a préféré rentrer tôt pour reposer sa jambe malade. Mais, sa présence a illuminé le bar. Certains étaient surpris de le voir parler français, d’autres se sont délecté de ses anecdotes (son imitation de Roger Moore était tordante) et certaines nanas m’ont avoué que le bougre (bientôt quatre-vingt sept ans tout de même) possédait encore un je ne sais quoi qui le rendait attirant. Je l’ai raccompagné à son hôtel et il m’a remercié pour l’ouvrage en me demandant d’étendre ses remerciements à l’ensemble des collaborateurs du livre. “Il y a encore des histoires totalement inventées dans ton bouquin, m’a-t-il confié, mais Fleming n’a jamais pu coller à la vérité. Et puis ses récits étaient bien plus passionnants que mes véritables aventures, tu sais.”
    Je lui ai alors demandé des détails, mais il m’a simplement répondu : “Ce qui est imprimé dans ton livre est la vérité en ce qui me concerne. Elle l’a été depuis le jour où Fleming a commencé à écrire en se servant de mon nom.”
    Tiens, d’ailleurs, à propos du nom, j’ai appris incidemment qu’il n’avait pas donné le nom de Bond à l’hôtel. Mais de là à dire que celui qu’il a utilisé est le vrai… En tous cas, je garde pour moi cette identité. S’il s’agit de la vraie, je partage un secret que peu de personnes connaissent. Si ce n’est pas le cas… Bah, je ne le saurais probablement jamais.
    La seule confirmation que l’agent a bien voulu me donner est qu’un 007 est encore en activité de nos jours. Il l’a rencontré une fois et il l’a qualifié de “brute blonde encore plus efficace que je ne l’étais à l’époque”. S’amusait-il à me tromper?
    Il m’a serré la main devant l’ascenseur, m’a fait promettre de passer le voir à Londres à l’occasion (“parler français me manque”). Je l’ai remercié et suis retourné au bar, l’esprit un peu chamboulé.

    Aux Lutins, un drame se jouait. La télé du bar ne parvenait plus à capter la une. Et pas de une, pas de match. Neult s’excusait, les clients bouillonaient, Jean-Phi tentait même de se muer en réparateur de décodeur satellite, mais rien n’y faisait. Lorsque mon pompier préféré a pris sa veste en lançant “bon, moi, je vais voir le coup d’envoi à côté”, j’ai cru que les carottes étaient cuites. On avait loupé le haka. Pour voir le reste, nous allions devoir migrer dans un bar adjacent probablement déjà bondé.
    Et puis le miracle s’est produit. Sans aucune explication, le décodeur a décidé que c’était trop injuste et qu’on avait bien mérité de regarder trente types se la donner pendant 80 minutes.
    On l’a échappé belle.

    La semaine prochaine, c’est France-Angleterre, et je serai à Londres. J’irai peut-être regarder le match chez mon nouvel ami. Qui sait?

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