• by  • 16 October 2007 • Non classé

    Il y a sans doute un malentendu au sujet de Motion City Soundtrack. Le groupe de Mineapolis se trimbale une réputation de quatuor emo prompt à émouvoir les collégiennes ; une sorte de My Chemical Romance nantis d’un chanteur charismatique et de bonnes chansons pop qui ne pètent pas plus haut que leur cul. Bref, pas de quoi susciter l’intérêt chez le fan de Weezer assez vieux pour avoir acheté l’album bleu à sa sortie. Et pourtant…
    Les premiers indices de la valeur du groupe sont à chercher en concert : énergie, gros son, énorme batteur et hymnes implacables balancés avec la conviction de vieux briscards qui savent que tout se rejouent chaque soir. Cerise sur le gâteau (ou morceau caché du CD pour rester dans la métaphore de 1993), Justin Pierre, le chanteur, se paye le look d’un Robert Smith skater et capte le peu d’attention qui aurait échappé à la musique assénée par le groupe.
    L’écoute des deux premiers albums de MCS finit de convaincre. On oscille entre pop songs moogifiées et chansons gimmicks ultra efficaces comme Everything is allright ou The Future freaks me out. Du bon boulot d’amerloque, enthousiasmant en diable. A ce stade, Motion City Soundtrack n’est pas un grand groupe, mais il pourrait le devenir.
    Even if it kills me, leur troisième album, se devait de marquer une étape supplémentaire dans cette ascension. Pour cela, Pierre et ses acolytes ont fait appel à la crème des producteurs de pop américaine à grosse guitare. On retrouve donc à la barre Adam Shlesinger (Fountains of wayne), Eli Janney (Grils vs Boys) et Ric Ocasek (Cars, mais également aux manettes de certains disques de Weezer). Les deux premiers ont bossés sur les mêmes morceaux et la patte Fountains of Wayne y est immédiatement reconnaissable. Chœurs sur les refrains, rythmiques plus évoluées, les morceaux emballés par le duo sont ceux qui s’éloignent le plus de la formule habituelle du groupe. Comme d’habitude, Ocasek, lui, ne s’est pas fait chié. Passons. Le single This is for real fonctionne : on ne lui en demande pas plus, mais l’album aurait sans doute gagné à n’être dirigé que par Shlesinger et Janney.
    Niveau ambiance, la seule surprise est ce morceau au piano, produit par le groupe seul, incursion dans un domaine où MCS ne convainc guère. Le reste oscille entre rafales de trois minutes rehaussées de claviers qui rappellent heureusement bien plus The Get-up Kids que ces zombies de Rentals et chansons mid-tempo dans lesquelles le groupe excelle depuis peu. Hello Helicopter, Even if kills me ou la face B (Face B???) The Worst part, par exemple, semblent pointer la direction vers laquelle MCS tend à se diriger.
    Rien de bien nouveau dans les paroles de Justin Pierre, même si ses lyrics prennent une autre saveur depuis que le chanteur a révélé son addiction à l’alcool. La vision proprette du groupe se fend donc encore un peu plus lorsqu’on apprend que les histoires d’échecs, de confusion et de délires que content Pierre ne participent pas d’une quelconque pose.
    Even if it kills me est loin d’être une déception, mais il ne représente pas la grosse marche que Motion City Soundtrack semblait sur le point de grimper. La prise de risque y est trop calculée, la formule qui marchait si bien pas assez bousculée. Le song-writing et l’énergie restent excellents, mais il manque encore ce petit plus (ce piercing sur le téton, pour faire dans la métaphore punk) qui aurait fait d’Even if it kills me un grand disque. On se contentera de cet album réussi, mais pas assez, en attendant le quatrième.
    MCS en a encore sous le coude, c’est certain.

    About