• by  • 22 May 2008 • Non classé

    Bob Mould

    District Line

    Que serait devenu le rock américain sans Bob Mould ? Question uchronique qui ravirait les historiens de tous les mouvements soniques se terminant en « ore », de hardcore à emocore. Dans les années 80, Hüsker Dü, le groupe dont il partageait le leadership, le chant et le poste de compositeur avec l’excellent Grant Hart (For a start take two Grant Harts and call me when you die chantaient les Posies), a ouvert les portes des majors aux groupes indés et a représenté un pont entre le hardcore et la pop, une sorte de chainon, un groupe séminal dont l’influence a été bien plus importante que le nombre de disques vendus.
    Après le split d’Hüsker Dü, Bob Mould a sorti quelques disques solos acoustiques avant de rebrancher sa guitare pour fonder, en pleine période grunge, l’excellent trio Sugar. Les albums du groupe renouaient avec le son électrique, distorsion incandescente à peu près aussi descriptible qu’un monstre des profondeurs de Lovecraft, à une époque où les « enfants » d’Hüsker Dü, Pixies puis Nirvana en tête explosaient.
    Deuxième split puis poignée de disques solos avant un bref arrêt de la musique pour le sieur Mould qui, embauché par la WCW, s’en est allé scénariser un temps les sauts de la troisième corde et autres pitreries des amis gavés au stéroïdes de Hulk Hogan, tels Dwayne « the rock » Johnson ou le fameux Undertaker.
    Après son installation à Washington DC, Bob Mould s’intéresse à la musique électronique, organise des soirées et sort même un disque aux accents technos, Modulate, que l’on pourrait qualifier, au mieux de raté voire de grosse daube selon le degré d’amour que l’on porte au musicien.
    Body of songs, l’album suivant, sorti en 2005, voit Mould revenir au rock avant ce District Line où l’ancien chanteur de Sugar tape dans le classique, aidé en cela par la frappe sèche du batteur de Fugazi, Brendan Canty. Sans l’utilisation abusive et irritante du voice pitcher (ce logiciel qui permet de chanter juste et dont Mould se sert pour faire des effets de voix), on se croirait en train d’écouter un disque de Sugar, tendance pop de leur carrière, période File Under Easy listening. Quelques tentatives électroniques, toujours aussi peu convaincantes, surprendront l’auditeur qui a lâché le musicien depuis les années 90, mais le reste ne le prendra pas en traître. Bob Mould gère son héritage de compositeur, comme un bon père de famille (©JP Raffarin), de cette famille rock américaine qui semble l’avoir oublié. Alors certes, depuis plusieurs disques déjà, il ne surprend plus, mais les mélodies qu’il continue de tricoter en artisan de la powerpop restent cent coudées au-dessus de bon nombre de ses héritiers. Il ne le mérite peut-être pas pour ce disque, mais pour l’ensemble de sa carrière : Bob Mould au Rock’n Roll Hall of Fame !

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