• by  • 29 November 2011 • Non classé

    De la fantasy intelligente, lisible à plusieurs niveaux, et capable de satisfaire mes sous-routines de lecteur qui cherche des idées, je n’en avais pas croisé beaucoup. Mais Les Contes de Neveryon, de Samuel Delany, se classe indéniablement dans cette catégorie.
    Seul le premier volume de la saga a été traduit (pas génialement) il y a longtemps chez Titres SF (la collec pleine de coquilles, remember Robert Sylverberg).

    La ville est un échiquier, de John Brunner, commence comme un Ballard peu expérimental (du genre IGH, loin d’être mon préféré, je ne goûte guère ce Ballard là) et devient assez vite dépendant de son parti-pris de caler son intrigue sur une véritable partie d’échec. Le tour de force attendu se transforme en une série de dézingages systématiques qui lasse assez vite.

    Je ne le lis pas que des vieilleries. Je viens aussi de finir Préparer l’enfer, de Thierry Di Rollo. Et ça devient aussitôt mon bouquin préféré de l’auteur. J’ai eu un peu peur, au début. Peur d’un polar politico-moralisateur, ce genre de bouquin gauchiste bien pensant, bêtement anti-raciste dont le manque de recul dessert souvent le propos et où les bons sentiments cachent une analyse politique aussi fine qu’une saillie de Jean-Marie Bigard. J’avais aussi eu une mauvaise expérience avec le Copyright d’Hervé le Corre, où l’anticipation remplie de clichée m’avait fait refermer définitivement le livre au bout de trente pages.
    Mais c’était mal connaître Di Rollo. Le mec a déjà écrit de la SF. On va pas lui faire. De ce côté, c’est simple, sans fioriture, bien cadré. Mais là où il m’a bluffé, c’est sur le discours développé dans le bouquin et dans ce concept de démocratie ajustée. Je ne sais pas s’il l’a trouvé dans un essai ou inventé, mais la façon dont il le met en scène est magistrale. Il ne se pose pas non plus en moralisateur bêbête, mais va jusqu’au bout d’une logique horrible, mais qui fonctionne à plein dans elle semble une simple extrapolation (et encore) de notre quotidien.
    Ca glace le sang. Pas à cause du monde développé dans le bouquin, mais par le miroir que ça nous renvoie.
    Comment aller droit à l’essentiel et toucher au but ? Préparer l’enfer en est un parfait exemple.

    About