• Un bruit magnifique

    by  • 14 January 2015 • Non classé • 0 Comments

    J’avais promis, dans mon dernier post, de revenir à des choses plus agréables. En l’occurrence, un livre et un documentaire. Je tente le coup, encore ébloui par les magnifiques carbonara de Giuseppe.

    J’ai failli manquer Video Game (titre français un peu naze de Lucky Wander Boy), de D.B. Weiss. J’avais pris le roman à la bibliothèque et quelques semaines plus tard, j’étais reparti pour le rendre sans l’avoir lu. Au dernier moment, je l’ai ouvert, feuilleté, puis j’ai demandé si on pouvait me le renouveler. Et je l’ai attaqué aussi sec. Bien m’en a pris.
    Lucky Wander Boy est l’histoire d’un jeune type, Adam, un peu paumé, obsédé par un jeu d’arcade rarissime et au game play improbable: Lucky Wander Boy. Il parvient à se faire embaucher, en tant que rédacteur, dans la boite de production qui a acheté les droits d’adaptation cinématographique du jeu. Il va se mettre à la recherche de la créatrice japonaise de la borne et…
    Et…
    Le personnage principal va se perdre. Comme dans le jeu, dont le roman suit, pour ce qu’on en sait, la structure. Une fuite en avant qui comporte des similitudes, thématiques et de traitement, avec ma nouvelle Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps. Une obsession qui se retrouve chez les protagonistes et qui s’incarne, dans Lucky Wander Boy, dans le Catalogue des jeux obsolètes que rédige Adam. Quelques lignes sur le passage de Pac-Man de la droite à la gauche de l’écran ou la lecture gnostique de Donkey Kong, valent à elles-seules le détour (en tout cas pour moi,que la passion et l’âge placent au cœur de cible du livre).
    Malgré tout, Lucky Wander Boy n’est pas exempt de défaut. La structure se relâche un peu et la fin n’est pas assez resserrée, peut-être. On se perd sans doute trop, avec le personnage, sans être récompensé. L’intérêt se délite peu à peu et l’intrigue n’est jamais relancé, par un nouveau tableau où le personnage avancerait, scrolling latéral, dans un décor différent, par exemple.
    Ah, et j’oubliais: D.B. Weiss a arrêté d’écrire des romans (ça rapporte pas assez). Par contre, il adapte ceux de GRR Martin pour la téloche, maintenant.

    Puisqu’on est dans mes obsessions, baissons collégialement la tête pour regarder nos chaussures.
    Beautiful Noise est un documentaire sur le mouvement shoegaze que j’avais financé, via kickstarter, il y a quelques années. Et j’ai donc eu le privilège de voir ce film après tout le monde (circuit des festival oblige), ce qui n’a pas manqué de me faire râler, évidemment.
    Bref.
    Le film est correct. Techniquement moyen (surtout au niveau du son) et pas super bien écrit. Mais il permet de donner une vue d’ensemble de tous ces groupes appartenant à cette soi-disant scene that celebrates itself. De Cocteau Twins aux reformations récentes (dont Ride sont les derniers en date), on balaye les années 80 et 90 avec tout un tas d’interviews (dont beaucoup d’écossais aux accents incompréhensibles) qui jette un regard pertinent sur le shoegaze. On comprend mieux, ou on se remémore, les atouts de cette scène : pas d’importance attachée au look, une camaraderie entre groupes, un forte présence féminine (mais jamais de potiches, ni de revendications féministes, tout ça comme si ça allait de soi), une modestie, une absence d’ego… Et surtout de la musique originale, créative et dont l’importance primait sur tout. Une sorte de pur mouvement artistique, finalement assez peu récupéré par le business, car plutôt pur. Alors oui, vous allez m’objecter plein de contre-exemples, mais je rappellerais que ce qui a suivi a été l’abject mouvement de la britpop avec son nationalisme débile, ses guerres entre groupes montées par la presse, l’importance de l’image et la musique frankensteinienne, pauvre amalgame de pop anglaise 60’s et de rock américain mal digéré.
    En comparaison, le shoegaze tel que nous le refait vivre Beautiful Noise était magique. Ouais, magique, c’est ça. Du genre à faire léviter les adolescentes.
    Mais nous en reparlerons…

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