• Le type dans le truc, là-haut

    by  • 19 January 2015 • Non classé • 1 Comment

    Etienne m’a envoyé un mail, suite à un petit post sur Facebook et Twitter:
    “C’est vrai, tu as vraiment aimé le pilote du Maître du Haut-Château ?” (il ne l’avait pas encore regardé et devait se demander sans doute ce qui me prenait, moi qui suis généralement aussi enthousiaste qu’un végétarien devant un burger au bacon, pour m’emballer ainsi.)
    Un peu mon neveu, que j’ai aimé.
    Décors bien immersifs, personnages pas encore bien développés (mais ça va venir, on est dans une série en quatre épisodes) et plusieurs fils narratifs qui reprennent la structure narrative dickienne. Le tout enrobé dans une intrigue qui décolle à peine, mais qui promet, que demander de plus ?
    A l’évidence, rien. Et pourtant.
    Pourtant Frank Spotnitz, le scénariste, a ajouté un “petit plus”, le détail qui fait toute la différence et qui montre qu’il a parfaitement compris l’enjeu du roman et donc, de son adaptation.
    Dans le texte, l’intrigue tourne autour du Poids de la sauterelle, un roman de Hawthorne Abendsen, censé décrire un monde uchronique à celui du Maître du Haut-Château, un univers où les alliés auraient gagné la guerre (et où les Anglais seraient sortis grands vainqueurs et domineraient le monde). La révélation finale du livre, apportée par un autre texte, le Yi King, est que le monde décrit par Abendsen dans son roman est le véritable monde et que celui dans lequel vivent les personnages est donc faux.
    Tout comme, se dit alors le lecteur du Maître du Haut-château, mon monde, notre monde, celui dans lequel j’écris ce post et vous le lisez (où les alliés ont gagné la guerre, certes, mais où l’empire britannique n’a pas continué). Le vertige final du chef d’oeuvre de Dick est là, dans le fait de se retrouver à la place des personnages, de découvrir que notre monde est faux, factice, une illusion.
    Et c’est là que Spotnitz a fait fort, en changeant la nature du Poids de la Sauterelle. Il ne s’agit plus désormais d’un texte, d’un roman, mais d’un film, une bande d’actualité (que les personnages de la série croient encore fictionnelle) sous forme de pellicule.
    Comment transmettre le vertige à des spectateurs d’images qui bougent ? s’est demandé Spotnitz. En replaçant les personnages dans la même situation qu’eux, exactement comme dans le roman original. Il n’est plus question de lecteurs, mais de spectateurs.
    Un choix très pertinent qui devrait être adapté au support : Le Poids de la sauterelle pourrait devenir une dramatique radio dans une adaptation du Maître du Haut-Château en dramatique radio ou une bd dans une adaptation en bd.

    Un choix que n’a pas fait le bas du front Snyder dans son adaptation frontale de Watchmen (une bd sur les bd de super-héros), et qui aurait pu faire un chouette travail sur l’histoire des adaptations de super-héros à l’écran.

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