• Womack and Womack

    by  • 23 April 2015 • Non classé • 4 Comments

    Je n’avais jamais de roman de Jack Womack. Et avec Journal de nuit, traduction française de Random acts of senseless violence, j’ai eu l’impression de découvrir un auteur majeur de la SF de la fin du vingtième siècle. Le livre est le journal d’une jeune ado new-yorkaise qui voit son monde peu à peu s’effondrer autour d’elle. Le contexte géopolitique n’est jamais explicité, mais simplement deviné, entraperçu grâce à quelques bribes d’informations qui influent assez sur le quotidien de Lola, l’héroïne, pour qu’elle les mentionnent. L’atmosphère est celle d’une crise grave, d’une fin de civilisation et ce n’est sans doute pas un hasard si Lola donne le nom d’Anne à son journal.
    Découvert grâce à l’excellent blog de Jo Walton, où l’auteur de Morwenna, comme d’ailleurs dans son roman, fait partager ses coups de coeurs et donne envie de lire, j’avoue avoir été décontenancé par la puissance de ce livre (alors même que je soupçonne la traduction d’atténuer un peu la violence du texte). D’une profondeur psychologique admirable, mêlant le destin individuels de personnages à une fiction spéculative jouant sur une échelle plus vaste, on est dans ce qui se rapproche vraiment, à mes yeux, d’un chef d’oeuvre. Il fallait être un immense auteur pour arriver à rendre palpable, crédible, poignant, le parcours de Lola dans cette réalité cauchemardesque, et si proche de la nôtre. Si en plus, je vous dis que Jack Womack collectionne les bouquins étranges et fortéens, vous aurez compris qu’il s’agit là d’un homme selon mon coeur.

    J’ai enchaîné avec Heathern, le livre suivant dans la chronologie de l’univers futuriste de Womack. Cette histoire de recherche d’un messie moderne sur fond de miracles et de multinationales m’a beaucoup moins emballé. Le roman d’après, Elvissey, parle d’Elvis comme d’une figure mythique: je le sens bien…

    – Vu deux épisodes de la nouvelle série Daredevil. Plutôt au-dessus de la masse de trucs de super-héros crétins actuels. J’ai l’impression que treize épisodes, ça va être un peu long, mais ça m’a sacrément donné envie de me relire toutes les bandes de Frank Miller sur le personnage. Déjà pas mal. Better Call Saul, en revanche, avec son rythme indolent, m’a beaucoup plu. Là, encore, les scénaristes sont sur un fil, mais parviennent à jouer parfaitement de l’attachement que les spectateurs peuvent ressentir envers un personnage.

    J’ai vu aussi Inherent Vice, qui m’a confirmé que “mouais, bof”, je kiffe moyen Paul Thomas Anderson. D’ailleurs, je n’avais pas vraiment aimé le roman original.

    – Au fil de mes recherches sur un de mes boulots actuels, je découvre un autre point commun entre Philip K. Dick et Ursula Le Guin. On savait déjà qu’ils avaient fréquenté le même lycée à Berkeley, sans se connaître, mais j’apprends qu’ils habitaient carrément la même rue. Arch Street: Ursula au 1325 et Phil au 1211, à moins de cinq cent mètres l’un de l’autre.

    – Toujours à cause de mes recherches, je passe beaucoup de temps sur Google maps, earth et street. Google Street, tout particulièrement me fascine. En dehors du cliché de la “visite” d’un ailleurs depuis chez soi, l’image que l’application donne de divers endroits de la Terre est délicieusement figée et anachronique.
    Le ciel est-il toujours couvert à Berkeley ? Fait-il toujours chaud à Minneapolis ? Y’a-t-il toujours de la neige à Moscou ?
    Pourrais-je un jour m’ôter de l’esprit l’image de ce plafond nuageux gris, la première fois où j’ai erré dans les rues de Kuala Lumpur ?

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