• Webb Ellis

    by  • 18 September 2015 • Non classé • 1 Comment

    Sur Twitter, un pote s’étonne que je veuille parler de rugby sur mon blog. Oh, évidemment, je ne vais pas débattre sur le manque d’expérience de la charnière de l’équipe de France ou sur les nouvelles règles de l’entrée en mêlée, mais comme d’habitude ici, je vais parler de moi.
    J’ai grandi dans une petite ville où le rugby est roi. Vraiment. Le supplément rugby de la feuille de chou locale a plus de pages que l’édition normale. C’est un peu comme dans Friday Night Lights, quoi.

    Gamin, le dimanche, je n’allais pas à la messe, mais au stade, chaque fois que l’équipe jouait à domicile. J’étais trop petit pour qu’on me fasse payer l’entrée et je partais de chez moi à pieds rejoindre mes grands-pères. Au pluriel. Mes deux grands-pères étaient tous les deux passionnés et étaient assis à quelques rangées l’un de l’autre, chacun avec ses amis. J’allais m’asseoir alternativement à côté de l’un ou de l’autre (parfois même je changeais de papy à la mi-temps), histoire qu’aucun des deux ne croie que je privilégiais l’autre.
    A l’époque, un essai ne valait que quatre points et j’ai assisté ainsi à un sacré paquets de matchs où les marrons étaient fréquemment de sortie. Sans rien comprendre des subtilités du sport, j’aimais l’ambiance, les envolées des arrières, la passion, les rires dans les tribunes et les hourrahs à chaque essai.
    Puis, en grandissant, j’ai cessé d’y aller. Et de m’intéresser au rugby.
    Au lycée, j’avais chuté dans des passions maladives : la musique pop, les comics, la science-fiction. Les rares joueurs que j’identifiais comme tel dans le bahut ressemblaient à ces jocks de teenage movies américains et ne me donnaient guère envie de regarder des matchs. J’avais l’impression (fausse) qu’on ne pouvait pas aimer The Cure, Moebius et le tournoi des cinq nations (en parlant du tournoi, un souvenir me revient: le nombre de fois où j’ai ralé contre mon grand-père qui, quand j’avais cinq ou six ans, coupait la fin de Maya l’abeille, le samedi après-midi, pour regarder le début d’un match sur une autre chaine). Tout ça me paraissait incompatible. Ce n’était pas “cool”. Les joueurs que j’avais sous les yeux étaient tous des connards (bon, j’exagère, pas tous, mais presque tous et, étrangement, les plus sympas étaient aussi les meilleurs). Ce devait donc être un sport de connards.
    Et puis, l’adolescence passée, la passion est revenue. J’ai appris peu à peu à réaimer ce sport, pour ce qu’il était, pour ce qu’il me faisait éprouver et malgré l’image que j’avais de certains de ses pratiquants. J’ai même fait du rock’n roll pendant des années avec un rugbyman. J’étais con de croire que tout ça était incompatible.
    Je ne vais plus au stade le dimanche. De toute manière, mes grands-pères n’y sont plus. Mais je regarde souvent des matchs et quasi tous ceux de l’équipe de France. Je vais sans doute en louper quelques-uns au cours de cette coupe du monde, trop de travail et puis France/Canada ça m’alléche moyen, mais je regarderai avec plaisir ceux que j’aurais l’occasion de glaner.
    Le moi de 17 ans me regarde avec dédain.
    Je l’emmerde.

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