• Genèse: Le Bouclier obscur, de John Lang

    by  • 22 September 2015 • Genèse • 1 Comment

    John Lang, alias Pen of chaos, est le créateur du Donjon de Naheulbeuk, mais son travail dans le domaine de la fantasy ne s’arrête pas là. Son premier roman, Le Bouclier Obscur, sort ces jours-ci – après une première édition en 2006 chez Rivière Blanche puis en 2012 chez Physalis, en poche chez Helios.

    John Lang:

    Bien que je prétende assez souvent le contraire, il s’avère que Le Bouclier obscur n’est pas vraiment mon premier roman. J’avais écrit beaucoup de choses depuis mes quinze ans, généralement dans le domaine de la fantasy, et sans doute comme beaucoup de jeunes pour me purger des frustrations quotidiennes. Mais jamais rien de satisfaisant au final. Lorsque j’atteignais la moitié de mon projet d’écriture, je relisais le début et je prenais conscience alors de toutes les lacunes du texte et ne terminais pas le récit. J’en étais encore à chercher comment faire.

    C’est à l’occasion de mon expérience de service militaire obligatoire que j’ai découvert le courant littéraire porté, à l’époque, par la collection Pocket Terreur. Des bouquins courts et incisifs, avec une histoire qui se commence et qui se termine sur le même tome, et d’une manière générale écrits par des auteurs qui n’avaient pas peur de se lâcher. Après plusieurs années de lecture des bouquins de cette collection, j’étais devenu un passionné du genre. En travaillant avec des collaborateurs sur mes premiers sites web, en 1996, j’ai électroniquement échangé de nombreuses images et textes issus du folklore de la démonologie pour concevoir le site Stigma Diaboli, encore en ligne actuellement. Ne prenez pas peur, il ne s’agit pas d’un de ces très nombreux sites satanistes très en vogue à l’époque, mais d’un site au point de vue historique, presque sociologique, qui rassemble des textes et images issus de divers ouvrages dans le but d’informer les curieux de ce qui se passait à l’époque du “Marteau des sorcières”. Bref. C’est là que la première idée à germé. Je suis arrivé rapidement à rassembler quelques concepts fictionnels en rédigeant ces rubriques. Étant moi-même un sceptique convaincu vis-à-vis de toutes les croyances du monde, je m’amusais en découvrant ce que les gens étaient capables de faire subir à d’autres – déjà dans les temps reculés – au nom de leur religion. Et le panthéon démoniaque est, en ce sens, tout à fait passionnant.

    J’ai commencé un peu plus tard à écrire un livre en me lançant directement dans la rédaction, avec tout au plus quelques idées en tête, et l’envie de mettre en scène un personnage qui n’avait rien d’un héros. Je n’avais ni plan, ni synopsis, ni projet précis, à vrai dire, mais quelque chose avait changé par rapport à mes premiers essais : j’avais en quelque sorte trouvé mon style et, heureux de le découvrir, je décidai de m’appliquer pour, une fois dans ma vie, au moins terminer un bouquin. J’ai rédigé une bonne moitié du Bouclier pendant les pauses déjeuner quand je travaillais en entreprise, passant parfois une heure sur un paragraphe, ou même sur deux phrases, dans le but de sortir du moule de jeune écrivain et d’obtenir de la qualité. Je suis souvent revenu en arrière pour corriger des passages. À la moitié de l’ouvrage, j’étais arrivé à un point charnière du livre extrêmement difficile à écrire pour moi à l’époque : une scène complexe rédigée à la première personne qui devait être appréhendée par le lecteur mais que le narrateur lui-même ne comprenait pas. Un défi d’écrivain qui m’a bloqué et découragé.

    Cet exercice d’écriture, effectué empiriquement, avait déjà consommé largement un an de mon temps libre. Je décidai alors de faire lire le début du livre à quelques amis afin de recueillir leurs impressions et ils m’encouragèrent à continuer. Hélas, je fus pris d’une grande flemme et à ce moment j’étais très engagé dans la French Quakonnection, un rassemblement français de joueurs de Quake, qui m’occupait toutes mes soirées et tous mes week-ends. Il m’aura fallu trois ans pour me botter l’arrière-train et songer que j’avais passé un an à écrire la moitié d’un livre, que c’était du temps perdu si je n’écrivais pas la suite. Poussé par les lecteurs susmentionnés, je me suis donc enfermé dans mon appartement pendant trois jours et j’ai conçu la deuxième moitié du livre dans l’obscurité, en grignotant devant mon ordinateur et en dormant peu. J’étais très satisfait du résultat et là, je me suis fait la réflexion suivante : si je n’arrive pas à faire publier ce livre un jour, avec le mal que je me suis donné, c’est que je n’ai vraiment aucun goût pour la littérature et aucun avenir dans le domaine. Toutefois je n’ai engagé aucune démarche en ce sens et j’ai simplement attendu le bon moment, la bonne occasion et la bonne rencontre. Peut-être qu’en fait, je n’avais pas vraiment envie de savoir…

    Mais fort heureusement, quelques années plus tard, l’éditeur Rivière Blanche me faisait l’honneur de sortir le premier exemplaire, avec une couverture dessinée par mon ami F-X Delmotte, le tout premier lecteur de la moitié du livre !

    Le Bouclier Obscur est disponible sur le site de son éditeur. Il existe aussi une page entièrement consacrée au livre.

    Dans Genèse, un écrivain revient sur la création de son dernier livre. Auteurs, éditeurs, pour participer, vous pouvez me contacter: laurent@laurentqueyssi.fr

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